par Ferrovius » 20 01 2016 à 15:53
Bonjour
Au sujet des machines à vapeur pas encore remises en service au BC (Chantemerle, 27.12.2015), voici quelques éléments de réponse:
- La remise en service d'une machine à vapeur coûte entre CHF 150'000 et jusqu'au demi million (c'est à 8/10% près le même montant en Euros), cette dernière somme surtout s'il y a des problèmes au niveau de la chaudière ou du foyer. Franchement l'infra du dépôt et - de plus en plus - dans un environnement super compétitif au niveau des musées sur la Riviera lémanique - la présentation/communication aux non-amateurs/"grand public" pour les attirer dans un vrai musée, sont autant une priorité. Donc tout l'argent dispo pour les investissements ne peut pas toujours aller dans le matériel roulant, et encore moins dans les vapeurs uniquement.
- Un CF - musée est tôt ou tard (et plutôt tôt que tard pour sa bonne marche et sa pérennité, voir ce qu'on lit parfois sur ce forum...) rattrapé par les réalités économiques. De combien de machine avons-nous besoin pour le service? Quelle est la charge pour les responsables de ces révisions ainsi que les bénévoles (exclusivement dans notre cas) pour maintenir le parc actif en service? Au BC nous avons 5 machines en service; soyons francs, c'est probablement une de plus que nécessaire. C'est très bien, mais il y a des gens (bravo, plutôt nos jeunes) qui ont passé depuis début novembre leurs samedis (et aussi parfois un jour en semaine) avec marteau à clous (air comprimé) et brosse tournante métallique dans le foyer et la boite à fumée de 3 machines pour les présenter à l'inspection des chaudières. En plus nous avons détubé et sommes prêts à retuber une machine, donc il a fallu aussi faire ces mêmes jobs dans sa chaudière. Notre inspecteur est lui-même intéressé par ce que nous faisons et donc pas enquiquineur, pour ne pas écrire em... (comme certains autres "inspecteurs experts" qui - de plus en plus - compliquent la vie et l'exploitation de CF-Musées). Mais il veut que cela soit bien fait et ne pas ressortir lui-même noir de ces endroits. Il est attendu le 28 janvier et on est prêt.
Je ne sais pas si la plupart des forumeurs qui nous lisent ont une idée de ce que que cela représente comme travail (hyper salissant)? Je ne parle pas du ou des responsables de ces chantiers, qui doivent tout coordonner et vérifier. Ils ont une vie professionnelle et familiale (dans notre cas pour le responsable vapeur: 3 enfants, plutôt en bas âge) en dehors du BC. Il faut donc un rapport raisonnable entre coûts (pas seulement financiers je précise bien) et utilisation. La donne change un peu quand il y a des pros, mais tout le monde fait un calcul de rentabilité, à moins qu'un sponsor paie la réfection dans un atelier tiers ET le suivi de l'exploitation de la machine. Même en Suisse et si on se débrouille plutôt bien au BC en ce domaine de la recherche de fonds extérieurs, on n'est pas en Angleterre pour la fréquence de ce genre d'individus (et il y a des gens qui préfèrent les électriques anciennes, c'est leur argent et c'est eux qui déterminent où vont leurs dons, dès que la somme atteint un montant important).
- J'ajouterai une évolution intéressante: dans la période initiale, mettons 1965 - 1990, il fallait qu'une machine roule et que la chaudière soit (plus ou moins) en ordre; si ça tapait ou ça pissait un peu, bon c'était pas super, mais on faisait avec. D'ailleurs la vapeur en en service régulier, surtout sur les VE en fin de vie ou même à la SNCF (cf les 141R d'Annemasse), c'était assez, voir très folklo en ce domaine, surtout pour la mécanique; alors qu'au moins nos machines étaient propres! De nos jours, d'une part les personnes qui s'occupent de vapeur sont devenues plus expertes et perfectionnistes + les organes de surveillance sont devenus très exigeants.
Dernier point: toute utilisation intensive d'une locomotive à vapeur implique qu'elle soit en parfait état mécanique et thermique. Si ce n'est pas la cas, la panne n'est pas loin. Donc il faut fiabiliser les machines, ce qui passe par leur mise au point à un niveau élevé. C'est un travail que font actuellement certains CF touristiques en F, mais l'apprentissage a été parfois dur (ce que les anglais appellent Learning Curve = courbe d'apprentissage, souvent douloureuse pour l'ambiance au dépôt).
- Pour les machines HS du BC en particulier, il y a bien sûr des idées sympathiques qui flottent dans l'air, avec - vu le profil de notre ligne - toujours la question de l'utilisation potentielle des petites machines (la DT c'est bien, mais il faut 2 équipes de 2 personnes, ce qui, à l'âge où tout le monde doit être diplomé OFT et avoir moins de 70 ans, ne s'arrange pas chaque weekend). Pour les grosses, la consommation de charbon est un élément de leur coût de fonctionnement. Le charbon est actuellement à CHF 560-575 / mt rendu BC et si le prix du charbon baisse, celui qui convient aux machines (et au voisinage lors de l'allumage ou en service) est très *niche" avec des variations de prix minimes par rapport au charbon comme commodité de masse; de plus la taxe CO2 en CH va doubler ces prochaines années à pratiquement CHF 100/mt.
Ce qui est sûr c'est qu'on ne vend pas les bijoux de famille.
Par contre, il n'y a pas d'opposition absolue à un prêt à long terme, mais seulement à des gens qui ont une histoire solide ("track record"); farfelus s'abstenir. On a déjà discuté dans le passé du prêt de certaines machines (99193 par exemple et Mallet 104 en expo), mais finalement pour des raisons propres à nos partenaires potentiels, cela ne s'est pas fait.
Pour le reste, rien de très concret: l'idée de remettre le Doubs en service avec sa rame (c'est tout en l'état original 1890) est bien sûr très tentante, mais alors on va se retrouver avec 3 machines en service (sur 6) qui feront moins de 250 kms/an et on retombe sur les points mentionnés ci-dessus.
PS: si vous êtes prêt à considérer une contribution à 6 chiffres (disons CHF 200/250K) pour remettre la rame de 1890 du Régional des Brenets (Doubs + BD + AB) en service, on veut bien vous envoyer notre IBAN en MP. Il devrait alors être possible de réviser en interne certaines priorités!
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