dans le cadre de mon projet (Le train Youtar), je vous propose quelques images de la construction du premier aiguillage : un enroulé avec pour rayon intérieur 400mm, et 600mm en extérieur.
L'angle de déviation est de 10° !
Tout d'abord la fabrication des gabarits qui permettent de fixer la géométrie de la voie : 3 d'écartement 9mm et 2 de 9.2 mm (qui serviront au niveau où les lames rejoignent les rails.

Laiton de 2mm d'épaisseur

plié au marteau dans un étau

puis mis en forme à la lime (et pied à coulisse).
NB : SEULE LA CÔTE DE LA LANGUETTE CENTRALE COMPTE.

de petites lames sont ajoutées ensuite, puis la languette est arasée à la lime si elle est trop profonde.

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Le dessin de l'aiguillage : compas "maison" de circonstance et réglet

une plaque CP comme "planche à dessin" (bien marquer les centres des arcs de cercle sur la planche)

Seuls sont tracés les axes et, de part et d'autre, un arc de cercle à 4mm (Ce qui fait un "écartement" de 8mm : il faut pouvoir voir ces lignes par la suite !)
Puis on recherche le point théorique de déviation : là où les deux axes de voies sont distants de 9mm. Tracer un trait, et marque le centre de ce segment de 8mm. La pointe réelle sera en recule de ce point qui reste théorique.

Mesure de l'angle (pas d'affolement : on n'a pas besoin d'en connaître la valeur :^> )
Pour tracer cet angle : il suffit de "viser", à partir du point défini ci-dessus, le centre des deux cercles (le rayon étant TOUJOURS perpendiculaire à la tangente ;^) )
Vous aurez ainsi un repère confortable pour la construction de la pointe de coeur.

Mon "atelier" :^s

on présente les traverses (époxy) sur le "chantier".
Première remarque : au lieu d'utiliser comme moi des traverses de récupération, je conseille d'utiliser des traverses plus longues et "neuve" (bien décapées !)

Détail de la partie la plus importante : le futur coeur.
Nouvelle remarque : la traverse "large" n'est pas vraiment justifiée (j'avais peur à cause de l'angle fermé mesuré ci-dessus).
Cet aiguillage sera "noyé" donc...
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Pose des rails :

NB : la traverse de "coeur" ne doit pas être soudée tout de suite !
De même, j'ai fait l'erreur de souder les traverses devant guider la traverse mobile (il ne faudra les dessouder... vive la tresse à dessouder !)
NOTEZ LA POSITION DES GABARITS : celui de 9.2mm venant "écarter" la voie là où les lames viendront rejoindre les rails.
NB : la doc des normes allemand trouvée sur la page doc de PME propose de construire l'aiguillage AUTOUR de la pointe de coeur. Ici, je suis la méthode D'Yves Mercier : commençant par les fil de rails extérieurs.

Présentation d'une lame ébauchée (limée côté contact avec le rail jusqu'au milieu du champignon de manière progessive).
Le gabarit est là pour vérifer que l'on ne tombe pas en dessous de la côte de 9.2, lame mobile incluse.
Notez que les rails ont été limés jusqu'à entamer légèrement le champignon (voilà pourquoi il ne fallait pas souder les traverses à cet endroit.

Plus fort que moi : 'faut que j'essaie un wagon (la lame mobile n'est que présentée !)

le coeur avant usinage

Pour façonner le coeur, il est plus facile de fixer la lime que le rail. Ensuite, une astuce : joindre les deux coupons de rails par leur semelle et les limer en même temps : ainsi la symétrie est facile à obtenir.
NB : pas de "va-et-vient" sur une lime ! : elle ne travaille que dans un seul sens. :^>

Préparation pour la soudure (la partie externe du coeur sera finie plus tard, une fois en place)
IMPORTANT : pour la soudure du coeur, commencer par souder les deux lames entre elles : on chauffe les deux lames par-dessous et l'on fait fondre l'étain au contact des deux rails par l'intérieur : la soudure s'insinue dans l'interstice par capilarité au centre de la pointe.

Le coeur avant mise en place.

Une astuce "maison" pour positionner le coeur : un gabarit de laiton (trois coups lime...), qui s'ajoute aux gabarits de 9mm (invisibles sur la photo) qui sont sur chacune des voies déviées.
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Les pattes de lièvre :
La partie la plus délicate de l'aiguillage : si trop reculée, les roues tombent dans l'ornière, si trop proches, les roues chevauchent la patte opposée.
NB : dans cet exemple, difficulté suplémentaire, car lame mobile et patte de lièvre sera d'une seule pièce, ce qui explique le "surdimentionnement" du coupon de rail : il sera recoupé ensuite (y compris côté lame si besoin).

la lame est "encochée" à la lime du côté où elle va être pliée (là, la lame est donc du "mauvais côté")

Présentation de la lame pliée.
À noter : les rails formant le coeur n'ont pas été raccourcis, ni coupé trop court d'entrée, ce qui a permis de les cintrer. Notez également qu'ils ne sont pas encore soudé sur la dernière traverse.
NB (retour d'expérience) : De fait, la pliure n'est pas satisfaisante "brute" : l'arrondi côté externe mérite d'être retravaillé à la lime pour obtenir un angle optus plus précis, afin de réduire au maxi la lacune.

premier essai, le contre rail a été soudé avec une ornière de 1 mm (il sera écarté ensuite, il faudra que je mette mes essieux aux normes :^s )

La patte a été avancée pour diminuer la lacune, ce qui explique la déviation trop importante de la patte de lièvre (ce sera corrigé par la suite : limer dessouder limer encore... cf. remarque ci-dessus)
Une solution que j'essaierai (?) la prochaine fois : faire cette pièce en 2 morceaux.

Les deux lames et leur contre rails en place.
Notez comme le coeur a été affiné, et les contre-rails écartés.
NB : s'appuyer sur des essais de roulement avec des matériels divers
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la traverse mobile :

déterminer sa place

les traverses qui serviront de guide sont accolées au gabarit (la traverse mobile sera plus étroite)

notez que les lames ne sont pas articulées, mais l'on joue sur leur flexibilité : Les lames ne sont fixées qu'aux deux premières traverses après la pointe.
Une erreur à souligner : j'aurais dû décaper les traverses au maximum avant la mise en place des lames mobiles.
Trop tard, il faudra le faire à la lime :^(

l'aiguillage opérationnel (soudé grossièrement à des tronçon de voies pour les tests de matériel moteur)
Les lames ont encore été afinées.

Détail de la traverse mobile : elle est guidé entre les deux autres traverses reliées par du fil de laiton de 4/10.
Les lames sont entraînées par un petit fil de même diamètre, coudé, soudé à l'intérieur (une petite encoche à été faite dans le patin de la lame (éliminer à la lime d'éventuelles sur épaisseurs).
Note : j'ai choisi un écart de 6mm entre les deux trous faits dans la traverse mobile ce qui assure une course d'environ 2mm, largement suffisante.
Tout ce travail est basé sur la méthode d'Yves Mercier, que je remercie au passage : la page de son site : http://pagesperso-orange.fr/relax-fer/mes%20aiguillages.htm
annoté le 20/04 Marcel