Pour ce qui est de l'usage du breton, je peux répondre pour ce que j'ai vu et entendu sur le RB dans la région de Châteaulin.
Cependant quelques points sur l'usage de langue.
D'abord tous les cheminots ne connaissaient pas forcément le breton mais tous je l'assure connaissaient le français; tout dépendait s'ils étaient originaire de la région ou pas et encore s'ils étaient dans une région bretonnante. Les limites de la pratique du breton ne suit pas les limites départementale qui ont bien sûr une autre origine et vocation. En particulier pour ce qui est des Côtes-du-Nord le département est de ce point de vue coupé en 2, grosso-modo par une ligne N-S, passant par Saint-Brieuc, le breton est pratiqué à l'ouest de cette ligne là où le français est pratiqué à l'est (voir du Gallo autre langue romane). Et encore il faudrait aussi introduire là dedans la pratique des dialectes. Encore un point : dans certaines grandes villes quelques personnes ne connaissaient que le français même dans les regions bretonnantes.
Revenons à la pratique de la langue, l'usage du français était la langue "de la vie professionnelle", les échanges avec les chefs de gare, de dépôt, la mise à jour des feuilles de route et toute la partie administrative était bien entendu en français.
Le breton était la langue de la famille, de la proximité, voir de l'intimité et lorsque l'on travaillait avec un copain pratiquant le breton ces échanges étaient courants même au sein du milieu professionnel, il venait assez facilement lorsque l'on réagissait sous l'émotion (injures). Ceci n'a rien de particulier au chemin de fer puisque ce comportement se retrouvait à tout instant de la vie locale.
Je peux vous donner 2 exemples : un jour prenant l'autorail avec ma tante celle-ci engage la conversation en français avec le conducteur sur un prétexte futile et au bout d'un échange de 3 ou 4 phrases la conversation passe spontanément au breton. Autre exemple mon grand-père avait un statut de transitaire ce qui consistait à constituer des équipes de main d'oeuvre (travail à la tâche) devant effectuer le transbordement manuel des marchandises d'un wagon à l'autre entre le petit et le grand réseau (changement d'écartement oblige).
Ma tante qui était encore très jeune était chargé le soir (dans un café) de répartir la "paye" entre les gas suivant le travail réellement effectué, je vous laisse imaginer l'ambiance et il fallait pas se laisser intimider par toute cette troupe qui en général avait déjà pris de l'avance sur les consommations. Ma tante m'a raconté plusieurs fois cette scène et tout se passait en breton.
Voilà j'ai été un peu long excusez-moi.