Les Forums de Passions Métrique et Etroite !!

Après la station d'Ilay, le tram suivait pendant un court moment la route, avant d'entamer le franchissement d'un obstacle naturel, dénommé Rochers de l'Aigle.
Plutôt que de se contorsionner avec des rampes trop dures, les ingénieurs choisirent de passer en tunnel.


La voie du tram quittait donc la route, puis continuait vers le creux du vallon en site propre, avant d'entrer en souterrain.
Cette disposition permit d'éviter un profil en long difficile, mais conduisit à une gare un peu excentrée en contrebas du village.


Pour commencer, l'endroit où la voie quittait la route, en plein montée.
CPA de 1912 environ.


Il y a divers retirages de cette CPA, mais aussi des vues étalées dans le temps.
On n'y voit jamais le tram...
Mais on distingue très bien la voie en contrebas de la route.


C'est encore à Raoul Chapuis que l'on doit une CPA intéressante.
Vue prise au cours de l'hiver 1905-1906 probablement.
Elle montre, en plus du relief, l'infratsructure des CFV jusqu'à la tête du tunnel.


Le zoom permet de s'apercevoir qu'une machine de chantier manœuvre des wagonnets.
Une baraque de chantier en bois est présente, probablement pour abriter la locomotive.


Enfin, dernière vue intéressante du secteur.
Prise peu de temps avant 1914, on se demande de prime abord pourquoi est mentionné le tram dans la légende.


La réponse est en bas à droite
Un convoi léger, une 030T SFB et deux voitures, est en route vers Foncine, et s'apprête à entrer dans le tunnel !

A propos des 030T SFB.
Leur face avant/arrière m'étonne, un châssis avec deux fenêtres rectangulaires. ça fait un peu "bricolage", et beaucoup moins "pro" que les 030T ANF... Est-ce une construction locale, pour protéger l'équipe de conduite, ou de construction d'usine ?

J'allais répondre que j'avais déjà évoqué le sujet, mais je me rends compte que je n'avais fait que l'effleurer !

A l'origine, les 030T SFB furent livrées sans aucune protection à l'avant.
Vous me direz qu'ici c'est l'arrière, mais on voit bien qu'il n'y a rien de l'autre côté :


Dès la réception des machines, le service des Ponts-et-Chaussées relève le manque de protection pour le mécanicien à l'avant de sa machine.
Le premier hiver d'exploitation doit confirmer la rudesse du métier, et très vite un premier modèle de châssis métallique fait son apparition :


Des châssis vitrés peuvent coulisser (et être probablement déposés au cours de l'été) :


L'arrivée des 030T ANF simplifie les choses, puisque celles-ci ont réellement une cabine à l'avant :


Mais il y a plus d'arrondis, et les protections semblent plus rigides.
Cela donne des idées aux ateliers des CFV, qui confectionnent un nouveau modèle de protection pour les deux 030T de la Société Métallurgique acquises d'occasion en 1907.
Et donc oui il semblerait que la machine visible au Lac de Bonlieu ne soit pas une SFB, et que le cliché soit bien de 1908 (mais comme le numéro n'est pas visible, c'est un peu le jeu des 7 erreurs, ici un léger arrondi au niveau de la protection du mouvement) :


Par la suite, une partie des machines bénéficie de nouveaux modèles de protection (probablement à l'occasion d'une GR, où la cheminée est également remplacée).
On le voit très bien sur la 030T SFB n° 11, où la baie vitrée a été séparée en deux pour augmenter sa solidité :


Vous allez me dire comment en être sûr ? Grâce à la machine n° 14, vue avant 1914 et en 1939.
Mais elle n'est pas équipée du même modèle que la 11 :



Tout ça pour dire que c'est du local des ateliers, et que les rapports officiels n'en parlent pas du tout...
Idem en Haute-Savoie et dans le Périgord.

Je complète le post précédent, après avoir été relire la très bonne doc belge du musée de la porte !
La machine vue au lac de Bonlieu est donc bien la 030T n° 101 ou 102, rachetée d'occasion au BIB en 1907. Je ne m'étais jamais posé la question avant, mais finalement ça crève un peu les yeux
Outre l'arrondi au niveau des couvre-mouvements, la protection à l'avant de la machine pour le mécanicien a été construite en Belgique.
Il serait donc possible que les CFV aient racheté quelques châssis vitrés pour remplacer ceux conçus à Lons, comme en témoigne la machine n° 11.

Pour donner un peu plus de visibilité il y eut :
- la série SFB de 1898 n° 11 à 15
- les deux machines complémentaires SFB en 1900 n° 16 et 17
- la série ANF de 1904 / 1906 n° 320 à 323
- les deux machines d'occasion Sté Métallurgique de 1889 n° 101 et 102

Merci pour ces précisions.

Après cet arrêt technique, le tram, qui venait d'arriver au tunnel de la Chaux-du-Dombief, est maintenant passé sur l'autre versant, et dessert la gare.


Afin de mieux la situer, commençons par un reprint des années 1920 d'une vue prise avant 1914.
Editée par le cafetier local, M. Devaux, elle permet de bien voir le village, et en contrebas à droite la gare.


Un zoom pour mieux distinguer l'ensemble.
Petite gare classique des CFV, avec sa voie des marchandises, et son BV sans logement pour le chef de gare.


Rapprochons-nous de la gare, ici flambant neuve, au cours de l'été 1907.
L'éditeur Karrer de Dole a eu la bonne idée de passer par là !
Le train monte sur Foncine, emmené par une 030T SFB.


Autre belle vue éditée par Devaux, mais difficile à trouver dans une édition bien imprimée.
Il en existe une version avec lettrage rouge-orangé, un peu moins sombre, mais je ne boude pas mon plaisir d'avoir pu trouver celle-là !
Le train est encore à destination de Foncine, emmené cette fois-ci par une 030T ANF. Nous sommes entre 1908 et 1914.


Nous sautons ensuite à la fin des années 1920.
Plus de train en gare, mais on peut tout de même admirer l'agnradissement du BV.


Enfin, en quittant la gare pour rallier Saint-Laurent, cette CPA nous montre le tracé sinueux en bord de route.


Nous avons ici une belle illustration de la voie en accotement si chère aux tramways à traction mécanique !

Après avoir sinué, le tram continue vers Foncine.
Il dessert la halte de Saint-Pierre, avant d'arriver à Saint-Laurent.


Et pour une fois, une CPA illustre le secteur.
Cliché pris peu de temps avant 1914 par le photographe Laheurte de Morez.


La vue a été prise en été, et le tram semble arriver ou partir de la halte.
Un effet de mouvement est présent, et la poussière de la route est soulevée par le convoi.
La 030T SFB n° 14 est en route vers Saint-Laurent.

Avant de montrer la gare de Saint-Laurent PLM, un petit bulletin météo !
J'avais mentionné précédemment que la rigueur de l'hiver 1906-07 avait conduit les CFV à déposer les couvre-mouvements des machines, afin de limiter les déraillements.
Mais pour mieux se rendre compte, quelques CPAs sont toujours utiles.

A Saint-Laurent justement, les éditeurs ne se sont pas privés de montrer la rigueur des températures et la hauteur des congères de neige.


Ici la gare PLM, où un train pour Champagnole passe dans la tranchée qui a été creusée à la main.


Quant à la grand-rue que le tram empruntera un an plus tard, elle proposait des escaliers de neige jusqu'au premier étage des maisons !

Ca me rappelle Chapelle des Bois mais vers la fin des années 70'

Impressionnant !
On n'est pas loin géographiquement de Mouthe, commune et sa région appelées non sans raison "la Petite Sibérie".
Les moyens de dégagements étaient ce qu'ils étaient : il n'y a pas eu de matériel ferroviaire de déneigement ?

Le train devais rester le seul moyen de désenclaver les localités en cas de fortes chutes de neige.

Le traineau avec un cheval en réalité.
Le tram était bloqué par les congères comme le reste des transports mécanique
Et on déneigeait à la pelle ou avec une charrue tirée par des bœufs (pour la route).
Ensuite seulement le chemin de fer pouvait s'avérer un allié précieux.


Passons maintenant aux emprises voyageurs à St-Laurent.
La gare est en cul-de-sac, peut-être les CFV envisagèrent-ils une exploitation en tronçons de cette ligne ?
Nous sommes ici au cours de l'été 1907.


En tête de ce petit convoi, une 030T ex-BIB, que je repère bien dorénavant !
Le ballast est fraichement posé, et la ligne vient d'ouvrir.


L'éditeur Karrer est également passé dans le secteur au cours de l'automne 1907.
Par rapport à la première CPA, on voit que le ballast a été mieux étalé au bord de la voie.


Le tram est cette fois-ci emmené par une 030T SFB.
Sur la droite, plusieurs voitures à cheval sont présentes.


Vers 1909, un éditeur de Bourg-en-Bresse vient photographier St-Laurent.
Il nous livre une vue de la gare PLM, prise depuis le quai de Champagnole.


Un zoom de la partie gauche de la carte permet de voir deux voitures des CFV.
Les manœuvres sont probablement en cours.


Sautons maintenant au début des années 1920, avec cette CPA postée en 1925.
Elle est éditée par Jouffroy, photographe bien connu de Foncine-le-Haut.
Outre le gros-plan sur l'aiguillage, on peut voir la queue d'un train.


Enfin, les années 1930, avec cette carte sur papier photo éditée par Cim.
Il s'agît d'un tirage moderne d'une vue précédemment imprimée.
Le tram roule encore, mais seuls les rails brillants sont visibles !

Mais alors, finalement, chasse-neige ou pas chasse-neige sur les CFV ?
A moins que cela soit un problème de machines avec les 030T bicabines, bien moins puissantes que les Mallet du Vivarais, pour "exploser" les congères sous les coups de butoir des lames chasse-neige ?

Les chasse-neiges existaient, mais ne pouvaient rien contre les congères de glace dans les tranchées (malgré les paraneiges).
Donc après une bonne tempête de neige, chose asez courante en hiver à cette époque, il y avait un train qui partait ouvrir la voie avec une petite armée de pelleurs / piocheurs.
Car il y avait aussi tous les contre-rails et ornières à dégager aux nombreux PN et passages en pleine chaussée !
Bref, il fallait quelques jours pour dégager la voie.

Pour illustrer la neige (les images sont rares malheureusement...)


L'hiver 1914-15 fut rude, et l'ouverture de la voie sur la ligne de Foncine donna lieu à une série de photos.
Je ne les connais pas toutes, et ne possède la plupart du temps qu'une mauvaise reproduction...
Ici collection Robert Charnu.


La 030T est équipée du chasse-neige grand modèle, qui permet d'attaquer certaines congères de poudreuse.
On voit sur la droite un chasse-neige petit modèle qui était utilisé lorsque la neige était moins épaisse.